
L'OPPOSITION POLITIQUE AU CAMBODGE
UTILISER LE POUVOIR DES RÉSEAUX SOCIAUX POUR CONTOURNER LA DICTATURE ET DÉCLENCHER UN RAZ-DE-MARÉE POLITIQUE

Vidéo du retour triomphant de Sam Rainsy au Cambodge. © crédit : Phnom Penh Post
RÉSUMÉ ÉTUDE DE CAS :
Contexte :
En 2013, j’ai participé à la campagne des élections législatives au Cambodge. À deux personnes, nous avons pris en charge ce projet bénévolement et mené une campagne électorale entièrement sur facebook, ce qui était une grande première dans l’histoire du Cambodge.
Problème :
Le défi semblait impossible à relever car le Premier ministre Hun Sen - le plus ancien dirigeant en Asie - a conservé le pouvoir au Cambodge depuis la chute des Khmers rouges en 1979. Son parti avait la mainmise sur le gouvernement, la loi et les médias, de sorte que le statu quo a prévalu au cours des 42 dernières années. Le Cambodge est l'un des pays les plus corrompus au monde et se classe au dernier rang en matière d'État de droit en Asie de l'Est. *
Notre client, Sam Rainsy, chef de l'opposition cambodgienne de longue date, et président du Parti National de Sauvetage du Cambodge (PNSC), était contraint à l'exil politique et physique depuis 2009. Non seulement ses liens avec le peuple cambodgien s’étaient distendus, mais — plus grave encore — il allait être absent des élections nationales de juillet 2013, un rendez-vous crucial pour l’avenir du pays.
Stratégie :
Pour contourner la censure physique, politique et médiatique, nous avons mené l’intégralité de la campagne électorale sur Facebook — une plateforme alors jugée futile. Profitant de sa montée en puissance, nous avons transformé la page de Sam Rainsy en #1er forum politique du Cambodge pour une jeunesse réduite au silence, et ce en moins de 4 mois.
Travail créatif :
Une campagne facebook interactive et continue de 4 mois, portée par des contenus riches, qui a donné les moyens à la jeunesse cambodgienne de s’exprimer sans crainte sur l’actualité de leur pays et de reprendre en main son avenir.
Résultats :
Le jour des élections, le parti de Sam Rainsy (le PNSC, le parti d'opposition) a réalisé une progression spectaculaire, en remportant 45 % des sièges de l'Assemblée nationale - une augmentation de 90 % des suffrages par rapport aux élections précédentes.
Pour la 1ère fois dans l'histoire du Cambodge, le parti au pouvoir a perdu 25 % des sièges - de 90 à 68.
Sans les graves fraudes électorales orchestrées par le gouvernement, Sam Rainsy aurait remporté le vote haut la main. (source : l'ONG Human Rights Watch)
En juillet 2013, après '4 mois de campagne sans relâche, Sam Rainsy avait augmenté son nombre de partisans sur facebook de 3 500 %. Sa page était devenue la plus importante, la plus populaire et la plus active du pays, devançant même Coca-Cola et recueillant un total de 182 000 partisans – soit 1 utilisateur de facebook sur 3 **.
Sam Rainsy a également atteint des taux d'engagement vertigineux - jusqu'à 15 % - traduisant la profonde résonance de ses messages de campagne auprès de son audience ***.
Notre campagne a permis une réelle avancée démocratique et a changé à jamais l'ordre politique au Cambodge :
"Le nombre croissant de jeunes électeurs - une génération de l'après-guerre, active sur facebook - a détourné le vote du Parti du peuple cambodgien, un parti autoritaire, cela pour la première fois dans l'histoire du pays". (Asia Sentinel)
Ébranlé par la montée fulgurante de l'opposition en 2013, le gouvernement a, depuis, intensifié sa campagne d'intimidation, les violences et l’utilisation abusive des tribunaux et de la loi.
Prix & publications :
Double lauréate du WARC (World Advertising Research Centre) Social & Asia Prizes en 2014.
Publication WARC : Un tsunami politique au Cambodge : utiliser les réseaux sociaux pour mobiliser la jeunesse et changer la donne politique.